Pourquoi la gauche bloque-t-elle sur le revenu de base inconditionnel ?

Quand je discute du revenu de base inconditionnel avec mon entourage (famille, amis, connaissance, relations…), il arrive fréquemment que soit posée la question sur la position de la gauche sur ce sujet.

La question vaut d’être posée car quand on égraine les apports de l’application du revenu de base inconditionnel, nombreux sont ceux qui semblent compatibles avec les thèmes de gauche, et notamment :

  • éradiquer la pauvreté ;
  • favoriser et reconnaître les activités non marchandes (sans les rendre marchandes) ;
  • permettre les activités culturelles sans les enfermer dans une logique financière (notamment apporter une solution efficace à la rémunération des artistes) ;
  • offrir la liberté réelle de choisir un emploi rémunéré sans y être obligé, et avec des conditions acceptables (puisqu’on peut les refuser et se contenter de son revenu de base) ;
  • redéfinir le contrat social et notamment la solidarité par l’inconditionnalité du revenu de base (disparition de l’obstacle du guichet qui oblige à justifier de sa précarité pour pouvoir bénéficier d’une aide) ;

Cette liste n’est pas exhaustive, mais l’on voit déjà que la gauche devrait pouvoir trouver dans cette mesure beaucoup d’arguments pour la proposer. Pourtant, force est de constater que les partis de gauche sont plus que frileux sur le sujet. Et même qu’ils l’évitent.

En cette année présidentielle, seuls deux ex-candidats ont proposé le revenu de base dans leur programme : Christine Boutin et Dominique de Villepin. Les deux sont à droite. Seule Christine Boutin proposait un revenu de base inconditionnel (le revenu citoyen de Dominique de Villepin était conditionnel). A gauche, chez EELV, on évoque parfois le revenu de base inconditionnel du bout des lèvres, à travers des projets d’expérimentations, toujours en évoquant une mise en place d’un revenu universel « à terme » sans plus de précision… Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon parle de ne pas accepter qu’on vive en dessous de 650 euros par mois, mais jamais ne proposent (ni l’un ni l’autre) autre chose que des mesures ciblées et donc conditionnées à un statut donné.

Alors qu’est-ce qui justifie cela ? Pourquoi autant d’hermétisme vis-à-vis d’une mesure en apparence facilement soluble dans les idéologies de gauche ? C’est probablement dans le lien travail-revenu qu’il faut chercher la réponse.

En effet, la gauche de la fin du 19è et du 20è siècles s’est forgée autour de la valeur travail et la défense des travailleurs. Ce combat se retrouve dans la défense persistante du salariat et de son St. Graal, le CDI, alors même que ce « statut » ne concerne plus qu’une minorité de personnes, finalement privilégiées, et que le chômage de masse se banalise, et que le plein-emploi ne redeviendra jamais la norme.

Et le travail dans cette logique est indissociable du revenu, mais aussi du droit du travail, des acquis sociaux… tout ce que les travailleurs ont, ils l’ont (et l’ont obtenu) dans le cadre du travail. Certes, ceux qui n’ont pas de travail ont le droit à des subsides qu’ils doivent quémander en justifiant (souvent en y perdant en dignité) de leur difficultés. Le salarié lui n’a pas ce problème. Sauf que cet apparent avantage est la contrepartie de son acceptation muette des contraintes assorties souvent subies, rarement choisies (en témoigne la souffrance et le stress au travail, qui semble d’ailleurs contredire la thèse que le travail seul est épanouissant), .

Or, si le revenu de base inconditionnel apporte des solutions (on l’a vu plus haut) gaucho-compatibles, il est aussi et surtout un changement de paradigme qui induit une séparation entre d’un côté le revenu, de l’autre le travail. On passe d’une logique de « travailler pour gagner sa vie » à une logique « gagner sa vie pour pouvoir travailler ».

Baptiste Mylondo, auteur (entre autres) de l’ouvrage « Un revenu pour tous« , membre du Mouvement Utopia, mouvement politique de gauche altermondialiste et écologique, aborde dans le livre cité la question et la résume je trouve fort bien (extrait de la page 52) :

On peut dès lors s’interroger sur le relatif consensus qui entoure le revenu maximum à gauche et sur le rejet dont le revenu inconditionnel fait l’objet au sein de cette même gauche. En militant pour un revenu maximum tout en négligeant le revenu inconditionnel, les partis de gauche trahissent en fait leur attachement religieux à la « valeur travail ».

Si revenu maximum et revenu inconditionnel s’appuient l’un comme l’autre sur une redistribution verticale des richesses ils se distinguent en fait par le mode de répartition choisi. Répartition par les salaires d’activité pour l’un, répartition par un salaire social pour l’autre. Or, le choix du mode de répartition est en fait lourd de sens.

En confirmant le rôle du travail comme vecteur privilégié de la répartition des richesses (le travail demeure la source quasi-exclusive de revenu) le revenu maximum conforte en effet la place exorbitante et la valeur absurde accordée aujourd’hui au travail. À l’inverse, en s’appuyant sur une déconnexion entre revenu et travail, le revenu inconditionnel appelle une remise en cause du travail dans la société. C’est d’ailleurs l’attachement de la gauche à la « valeur travail » (et au droit du travail qui en découle) qui explique les plus sérieuses objections opposées au revenu inconditionnel.

À méditer…

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À propos de JeffRenault

Simple citoyen du monde

66 réponses à “Pourquoi la gauche bloque-t-elle sur le revenu de base inconditionnel ?”

  1. sebdamiens dit :

    Un article qui fait méditer. Comme toujours lorsque tu prends la plume ! 😉

    Il est en effet assez difficile de comprendre que des personnalités de droite fassent du revenu de vie un de leurs chevaux de bataille. Je veux croire à leur sincérité… Même s’ils sont très éloignés de mes idées politiques… Et du coup il est tout aussi difficile pour moi de comprendre que la gauche y soit rétive. Je pense que ton analyse et celle de Mylondo sont un bon point de départ. Le lien travail=revenu est sans doute (trop) sacralisé à gauche.

    Mais comme tu le soulignes, nous sommes au XXIe siècle. Les paradigmes du passé sont (souvent complètement) dépassés. Et ta remarque sur la défense acharnée du « CDI » est celle qui me semble la plus percutante. Il est clair que ceux qui le possèdent sont aujourd’hui des « privilégiés » car de moins en moins nombreux au détriment des travailleurs précaires toujours plus nombreux. Défendre la dignité pour tous et un revenu décent pour tous est une exigence. Même si bien évidemment cela ne veut pas dire qu’il faille abdiquer nos droits sociaux qui sont jusqu’à maintenant liés au contrat de travail. Mais il faut peut être penser à déconnecter les droits sociaux du seul critère de la possession de ce type de contrat.

    Je pense que les nouvelles générations (de gauche, mais pas seulement !) pourront vraiment créer les paradigmes du XXIe siècle. J’ai espoir. Il le faut !… 😉

    • JeffRenault dit :

      Bonjour Sébastien, et merci 🙂

      C’est justement le revenu de base inconditionnel qui permet la déconnexion des « droits sociaux » sur le seul critère du « contrat de travail », en couvrant les besoins fondamentaux (se nourrir, se loger, se vêtir, se soigner, s’éduquer) sans préalable (avoir ou ne pas avoir un statut de salarié, chômeur, jeune, sénior…).

      • baron dit :

        Et se nourrir,se loger,se vêtir,se soigner,s’éduquer çà voudrait dire quel montant pour le revenu de base ?

      • JeffRenault dit :

        C’est une question qui occasionne de nombreux débats, y compris entre les partisans du revenu de base inconditionnel. Certains le positionnent par « réalisme » à 400-500€ ; d’autres à plus de 1.000€ par « volontarisme ». Je crois que l’essentiel est sur le concept, et surtout sur l’inconditionnalité. Après, il sera temps de débattre sur un montant qui respectera la définition, de le décider démocratiquement, et même de le faire évoluer dans le temps.

    • Gilles Denigot dit :

      Lorsque les syndicalistes militant pour une économie distributive se battaient pour le « revenu garanti aux licenciés et aux sans emplois », il y avait peu de chômage.

      Les centrales syndicales et les partis de gauche étaient férocement hostiles. Ils voulaient « le plein emploi »….

      Avec le recul, je vois plusieurs choses….(1/2 siècle tout de même !)
      – Nous ne sommes plus à 100 000 chômeurs mais
      à 5 millions.
      – La productivité alors plus faible que la croissance dévorait déjà les emplois, elle a rendu cette donnée irréversible.
      – Les syndicats étaient alors puissants… ils sont devenus très faibles.

      Conclusion: Les partis politiques gère la crise à la marge, ils parlent de mutation, de changement de civilisation, mais ne voient pas les nouvelles donnes : La production croît en même temps que le chômage, il faut donc distribuer les richesses et le travail résiduel…

      Le revenu de base est un petit pas vers cette indispensable rupture.

      • JeffRenault dit :

        Oui, c’est exactement cela : on gère la crise à la marge, avec hélas les mêmes méthodes qui l’ont causée. Peu de chance qu’on sorte du cercle infernal dans lequel nous sommes entrés sans des idées nouvelles. Le revenu de base inconditionnel est l’une d’entre elles.

  2. ChrisD dit :

    Bonjour, ayant exactement la même interrogation que vous, j’ai posé la question lors d’une réunion publique (à St Denis) sur l’emploi à Alain Vidalies, député et responsable du travail et de l’emploi dans l’équipe de François Hollande.
    Il a répondu être contre car cela reviendrait à renoncer aux politiques de ré-insertion pour toutes les personnes actuellement hors système (sans formation). Cette question de l’insertion est effectivement difficile à aborder et résoudre, insertion par quoi d’ailleurs ? Par le travail dirait-on habituellement : que diriez vous d’autres ?
    Cordialement

    • No Comment (@SansComm) dit :

      On considère que les gens ne sont pas insérés lorsque… ils n’ont pas de travail ! C’est bien pour ça qu’on les forme à un travail pour les réinsérer. Votre interlocuteur n’a donc pas répondu à votre question.

      Dès lors que la société ne tourne plus autour du travail, que chacun dispose de quoi vivre et donc n’est pas en quête perpétuelle de quoi survivre, l’insertion est possible en utilisant son temps (libre donc) à faire tout ce que l’on veut. Se former, étudier, prendre part à une activité (salariée ou non) à sa portée, créer son activité. Même ne pas s’insérer dans la société, c’est à dire vivre en marge.

    • Lionel Nusslé (@Lionel_N) dit :

      @ChrisD La politique d’insertion change de visage avec le revenu de base. Si on est capable de vivre avec un tel revenu, l’insertion se fait naturellement par l’activité volontaire, avec ou sans formation préalable de tous : chacun s’intègre pour aider, participer à tout type d’entreprise.
      Je garde seulement l’idée des assurances du type accident de la vie en complément du revenu de base qui doit à lui seul permettre une vie simple décente autonome (logement, soin, nourriture, communication & un peu de transport, base culturelle & loisir).

    • JeffRenault dit :

      @ChrisD >

      Il me semble que votre interlocuteur a soit botté en touche, soit qu’il n’a pas compris ce qu’induit le revenu de base inconditionnel.

      En effet, dans un modèle sociétal où le revenu de base inconditionnel est instauré, il n’y a pas besoin de politique de ré-insertion (ou d’insertion tout court d’ailleurs). La réinsertion (comme l’insertion) suppose un modèle où cela ne va pas de soi, et où il faut aider les personnes à pouvoir être admise dans une communauté. C’est finalement assez grotesque si on y réfléchit.

      Le revenu de base inconditionnel est un changement de paradigme qui part du principe que chacun dispose d’un revenu suffisant pour vivre, et ensuite choisir librement les activités qu’il pratiquera (marchandes ou non, rémunérées ou non, sociales ou commerciales, culturelles ou de production…) et est tout aussi libre de choisir de se former, d’apprendre, de chercher…

      Chacun est donc de facto inséré. En aucun cas il n’y a besoin d’imaginer une politique de réinsertion, qui n’est qu’un pis-aller, et finalement le symptôme d’une société malade.

      Merci de votre témoignage, très révélateur du dogme dont peuvent être prisonniers les politiques de gauche.

      • noeliebd buisson-Descombes dit :

        « Renoncer à l’insertion » et « ne plus avoir besoin d’insertion », je crois que c’est la même chose et que Alain Vidaliès a bien compris ce qu’était le RDB. La divergence, je pense, vient, d’une part, d’une vision autonomiste de l’humain (la nôtre) et d’autre part, d’une vision paternaliste ou « mère-poule » liée à l’État-Providence : il faut insérer, intégrer, les pauvres chômeurs, immigrés ou « jeunes » dans notre belle communauté. Ca participe d’un certain égocentrisme culturel, voir d’un ethnocentrisme.
        À ceci l’on peut répondre : oui, deux personnes de même origine peuvent être en choc culturel (cessons donc de parler de « culture française », chacun voyant midi à sa porte). Et ce besoin d’insertion, vis-à-vis des chômeurs, évolue, comme vis-à-vis des migrants, vers une volonté d’assimilation : certains ne veulent pas s’assimiler ? Tant pis, on les forcera !
        La bataille, toujours, c’est cette « valeur travail » : on ne vaut que par son travail, on ne s’intègre que par son travail, on ne progresse, etc.
        Donc A.V. a bien compris ce qu’était le RDB, ce qu’il faut maintenant amener avec lui c’est une réflexion sur la valeur travail : pourquoi faudra-t-il qu’on s’insère sur le marché ? C’est là qu’il faut convaincre.

    • Edwige Devillebichot dit :

      Hum, hum… laisser croire que les personnes sans emplois le sont par manque de formation ? C’est faux bien sûr… mais la formation est un secteur en expansion qui permets d’offrir des emplois aux militants : ainsi les politiques sont-ils massivement en faveur de l’attribution de gros budgets à la formation et la présente comme la panacée ? (sans parler du nombre d’emplois fictifs dans ce secteur, voir la condamnation il y a quelques années de l’actuel porte parole du parti socialiste). Bien évidemment ces motivations occultes sont difficile à dénoncer publiquement…

  3. Toto dit :

    Ouais! Bavo bavo 🙂
    (c’est cool, il me (re)prend des envies de faire pompom girl (R-d-B-I oh Oui!) )
    (et sinon ouaip, la gauche est lente, un ptit peu trop escargot)

  4. lebas (@blebas7) dit :

    Je pense que les hommes politiques de gauche aiment à se valoriser en nous octroyant des subsides « sociaux  » divers. Être magnanime en quelque sorte, nous prouver leur légendaire bonté !
    Contrairement à la droite plus égoïste qui donnerait facilement cet outil pour stimuler les créativités personnelles , la gauche sent bien que si elle cède sur ce terrain, l’acquis revenu de base deviendra un handicap pour qu’ils puissent jouer leur rôle, hors, la vie est un jeu de rôles….

    • JeffRenault dit :

      Dans le même esprit, on peut se demander ce que deviennent les dentistes quand la carie est éradiquée… et donc si les dentistes ont intérêt à éradiquer la carie. #cynisme

    • Pircak dit :

      En vous lisant, je me dis que là est une réelle piste… La gauche se valorise, récolte des voix à coup d’aides, de subsides, de plans de réinsertion.
      Je ne travaille pas et ne me sens pas non insérée.
      J’aimerais créer mon entreprise sans priver ma famille.
      Si j’avais un revenu de base, je me lancerais sans hésiter !

      • JeffRenault dit :

        C’est tout le sujet : sortir de l’idée que la société repose sur le travail et finalement sur l’économie pour nous recentrer sur l’humain, sur le “faire société”. Oui, on est utile à la société même si on n’est pas salarié. Il est temps de changer de paradigme. En ce sens, on peut signer l’Initiative Citoyenne Européenne en faveur du revenu de base inconditionnel : http://basicincome2013.eu/ubi/fr/

  5. No Comment (@SansComm) dit :

    Très bon article, qui montre encore une fois l’incapacité de la gauche à se repenser dans la nouvelle ère d’où les idéologies ont été chassées.

  6. stanjourdan dit :

    @ChrisD bonne question. Ma réponse instinctive est qu’avant de chercher à « insérer » les gens, il faudrait déjà mettre fin aux processus qui les excluent… !!!!

  7. Toto dit :

    (par contre l’équipe de francois hollande…HUMHUM meme. (ok, jme tais le ps me rend pas nice)

  8. Toto dit :

    @beblas : vouais, moralité : les hommes politiques de gauche sont vraiment très très mais très très cons.

  9. Merome dit :

    Je ne sais pas si ça a un sens de chercher pourquoi la gauche ou la droite propose ou ne propose pas telle ou telle mesure.
    Avec l’élection, on est dans une logique de « part de marché », et absolument pas dans la recherche des meilleures solutions.
    Autant se demander pourquoi les premiers Iphones ne proposaient pas le copier/coller. C’est du même ordre.

    • JeffRenault dit :

      Justement, sortons de l’optique « meilleure solution » et plaçons un instant le sujet sous le seul prisme de l’élection. Ne pourrait-on en faire un sacré argument électoral. Imagine un peu : un revenu inconditionnel, pour tous, de la naissance à la mort ! De quoi convaincre, non ?

      C’est pourquoi il me semble qu’il faut chercher plus en profondeur les réticences vis-à-vis du revenu de base inconditionnel. Dans le logiciel même des hommes politiques. Dans leur raison d’être tout court en réalité. Car la disparition des problèmes induit finalement la disparition de ceux qui sont sensés les résoudre (le dentiste et la carie).

      Fondamentalement, le revenu de base inconditionnel est une remise en cause profonde du modèle sociétal, mais aussi politique, et probablement qu’il porte en lui la promesse de l’émergence d’une démocratie réelle, qui n’est pas le rêve de nos « représentants ».

      • Toto dit :

        en profondeur,j’sais pas, y’a la moitié des gens (au moins), en fait c’est juste qu’ils connaissent pas. ensuite après y’a l’truc, mais bordel, ca a l’air trop beau pour etre vrai, nan, pas possible.
        (nan vouais, qu’après on s’prendrait a rever, et « c’est encore une belle idée tout ca ».
        m’enfin oui, c’est une belle idée, et on en aurait sacrement besoin.
        j’sais pas, ca manque cruellement quand meme.
        m’enfin j’dis ca hein, j’dis rien.
        (par contre, chercher dans le logiciel des politiques,oula, ben bon courage les gars, j’pige pas moi ce qu’ils ont dans le cerveau ces gens. quoi, ce que j’en pige ne me plait pas.
        mais par contre, j’veux bien qu’on les vire de leurs trones.)
        😉

  10. Sanantonio dit :

    Bonjour et merci de mener cette réflexion. Il y a beaucoup de vrai dans ce qui a été écrit. Je pense aussi pour ma part et c’est ce qui m’afflige, que la gauche n’a pas véritablement pensé ce sujet. Et si elle ne l’a pas pensé c’est qu’elle n’en n’a pas connaissance. Ses antennes ne savent plus percevoir ce qui pourrait incarner le progrès social, elle s’enlise dans des reformettes ou des stigmatisations d’un autre âge et se meurre. Comment la réveiller me paraît être la première question à se poser.

    • JeffRenault dit :

      On pourrait leur trouver cette excuse. Pourtant, Baptiste Mylando est membre du Mouvement Utopia, lieu de réflexion et de production intellectuelle classé à gauche. Ainsi sont-ils donc bien irrigués par leurs antennes…

  11. sebdsl dit :

    merci pour ton billet, Jeff. La réponse que tu donnes est également celle que donnent les allemands pro revenu de base vis à vis du non-engagement du SPD. Les partis de gauche refusent de quitter leur base « travail » et l’historique de leur parti.
    Mais si la gauche ne lance pas cette idée, c’est aussi parce que ses électeurs ne sont peut-être pas prêts pour cela: la première réaction du travailleur (et du retraité qui a travaillé), c’est de demander pourquoi les « autres » devraient recevoir de l’argent sans rien faire, et pourquoi les jeunes « paresseux » en particulier. Il ne s’inclut pas parmi les bénéficiaires de ce changement, parce qu’il a été éduqué avec ce concept qu’il faut travailler pour vivre et qu’il n’y a pas d’autres alternatives. Accepter cette vérité signifierait pour lui, se rendre compte qu’il s’est asservi à un système sans le remettre en question ou sans avoir mis assez de courage et de force pour en sortir. C’est un énorme pas intérieur à réaliser, et l’espace d’une période électorale ne suffira pas pour que les façons de penser se transforment. Il y a un travail de fond à réaliser, et ce n’est pas seulement le travail des politiciens mais également (et surtout !) celui de toutes ces personnes qui font vivre ces idées d’avenir. Si dans une société éveillée, la gauche continue avec les concepts d’antan, son électorat lui montrera très clairement la porte!

  12. Alban Amouroux dit :

    Lorsque je parle de cette idée du revenu de base, idée que je soutiens à 100%, dans mon entourage majoritairement porté à gauche, la réponse que l’on me fait est invariablement la même, ce qui vient conforter le message de sebdsl :

    « pourquoi les “autres” devraient recevoir de l’argent sans rien faire alors que moi je travaille ou j’ai travaillé toute ma vie ? »

    On diverge un peu mais l’autre idée fondamentale que je défends concerne la suppression pure et simple de l’héritage. Là aussi, la réponse est souvent la même :

    « les riches arriveront toujours à passer outre pour se transmettre leurs fortunes entre riches et nous on aura plus rien ».

    A priori, je voyais l’héritage comme le capitalisme à son paroxysme, donc une idée plutôt ancrée à droite. Et bien toujours dans mon entourage, les personnes de gauche sont férocement contre l’idée de sa suppression alors que celles plutôt de droite disent pourquoi pas !

    • JeffRenault dit :

      On diverge sur le sujet, mais on converge sur la réaction, dont je m’étonne comme toi. C’est très surprenant. C’est comme si le conservatisme était passé à gauche…

      Merci pour ta contribution.

  13. Guy Valette dit :

    Bonjour,

    Pour vérifier si le Revenu d’Existence est un concept de « droite » ou de « gauche  » ce serait de pouvoir expliquer le concept et de faire une enquête auprès de tous ceux ( 50 % )qui aujourd’hui perçoivent de leur travail moins de 1650 euros par mois ( salaire médian 2010 ). Les organisations de droite comme de gauche sont très conservatrices dans leur modes de pensée et très attachées à ce qui fait leur identité. Les élites sont plus préoccupées à maintenir leur petit pouvoir et leurs petites ambitions personnelles, qu’à répondre aux préoccupations quotidiennes du citoyen.
    Notre système de représentation est en crise,Il est temps de repenser la démocratie! Démocratie participative? Démocratie Directe ? Représentants tirés au sort? . non cumul, mandat non renouvelable ….

    • JeffRenault dit :

      Je suis comme toi intimement convaincu qu’il y a en effet un lien entre revenu de base et démocratie réelle.

      D’un côté, si nous étions en démocratie réelle, il est plus que probable que l’instauration du revenu de base se ferait assez naturellement tant les citoyens trouveraient naturel de ne pas perdurer dans la dépendance au travail (rare d’une part, souvent subi d’autre part) pour subvenir aux besoins essentiels (se nourrir, se loger, se vêtir, se soigner, s’éduquer).

      De l’autre côté, si le revenu de base est instauré, il libérera du temps aux citoyens qui s’investiront davantage (au moins pour certains) dans la vie de la cité, et la pression pour une participation intensifiée augmentera jusqu’à l’avènement de la démocratie réelle.

      Quant à savoir si le revenu de base est de gauche ou de droite… on s’en fout en fait ! Ce n’était pas le but de ce billet de vouloir étiqueter le revenu de base. L’interrogation du titre visait surtout à se demander pourquoi la gauche n’y trouvait pas son intérêt, alors qu’elle a de quoi ! Mais en lui-même, le revenu de base est probablement la réforme transpartisane par excellence.

      Merci de ta contribution 🙂

  14. Bernard Heron dit :

    Merci pour ce débat fort intéressant que je vais faire tourner.
    Ce qui m’agace le plus dans cette affaire c’est que les verts (à priori de gauche) avaient intégré le Revenu de Base dans leur programme (merci Yann Moulier Boutang, Yves Cochet, Jean Desessard,…) et que cette proposition a disparu comme par enchantement pour les présidentielles sous le label EELV. Eva Joly semble n’avoir rien compris à cette proposition… C’est grave docteur !

    • JeffRenault dit :

      Oui, c’est à la fois pénible et révélateur. Pénible, car ceux qui promeuvent (chez EELV ou ailleurs, par exemple Corinne Morel-Darleux au Parti de Gauche) cette idée doivent avoir l’impression de reculer de deux pas à chaque fois qu’il font un pas en avant. Révélateur, car cette résistance, nous ne manquerons pas de la rencontrer tant le revenu de base inconditionnel se heurte à la force des habitudes.

      Mais c’est peut-être l’un des intérêts du revenu de base inconditionnel : obliger à un débat et tenter des bousculer les certitudes pour, in fine, faire émerger un nouveau modèle.

      Merci Bernard pour ta contribution, et pour la diffusion.

  15. sglsgl dit :

    La vraie raison, profonde, c’est que le revenu de base etc est une reconnaissance que le Kapital joue un grand rôle dans la création de valeur !

    Rémunérer le capital ? Y pensez vous ?

    On meurt en France de refuser, tant à gauche qu’à droite, que le capital soit rémunéré et de façon compétitive / aux autres zones économiques.

    Brader le capital des autres, comme tous les entrepreneurs et fonctionnaires et politiques le font depuis les 30 glorieuses, c’est notre lourde faute.

    Haro sur les rentiers !

    Mais si un Français a un revenu plus élevé qu’un Bengali ou un Sahélien,
    c’est d’abord parce que le capital commun accumulé est infiniment plus important, pas parce que nous sommes plus intelligents etc.

    Et ce n’est pas étonnant que la droite soit un peu plus tolérante sur la légitimité d’un revenu du capital, parce que dans toutes les familles aisées, les parents sont attentifs à ce que le niveau de vie provenant du capital familial, profite également à tous les enfants !

    Je suis un peu seul, mais je continue à penser et à proposer que le RdB puisse servir à favoriser la croissance de notre niveau de vie commun, entre co-propriétaires.

    Quand le débat sera mondial, les gauches des pays riches auront à défendre leur sacré niveau de vie … ils ne pourront pas éviter de le justifier par autre chose que le droit divin ou la supériorité de ces européens…
    et alors la croissance repartira dans la vieille europe et nous retrouverons le plein emploi… de 15 à 75 ans !

    Laurent Guyot-Sionnest +33674199133 tikilgs AT gmail DOT com

  16. Beatrix dit :

    Bonjour,
    J’ai apporté une contribution hier, j’espère qu’elle sera publiée pour alimenter et ouvrir plus largement les débats. En effet, il est difficile d’imaginer le droit à revenu inconditionnel sans bouleverser l’ordre social actuel et sans remplacement des instruments de collecte des ressources. Il y aura aussi la redéfinition des institutions et du rôle des acteurs actuels de l’économie, la reconversion des métiers et professions sociales (administratives de l’assistanat et de l’encadrement psycho-social). C’est aussi une fiscalité à refondre complètement pour la rendre plus redistributive et plus stimulante.

    Ce qu’on prend rarement en compte, c’est l’énorme coût social actuel sans qu’il soit efficace contre la pauvreté et le chômage. Malgré tout, on est incapable de freiner la dislocation sociale et la destruction humaine.

    Je rappelle notre initiative nationale en Suisse qui vient d’être officiellement lancé en ce début du mois d’avril. bien.ch (Basic Income Earth Network – Switzerland).

    En attendant mon billet d’hier.
    Meilleures salutation à Jeff Renault.

    Beatrix, membre de B-I-E-N SUISSE

  17. Beatrix dit :

    Je vois que le blog refonctionne. Je publie le billet d’hier.

    Je n’ai pas lu tous les commentaires, mais il semble que les intervenants, ici, sont favorable au revenu de base sans condition. Pour votre information, je vous signale notre initiative fédérale suisse (niveau national) qui vient d’être lancée pour un revenu sans condition de 2500 francs suisses. Dans toute la Suisse nous sommes en train de nous organiser pour que les débats soient menés partout. Nous débutons nos campagnes de signature en même temps au mois de mai. Nous aurons 18 mois pour faire le plein de 100 000 signatures, le nombre nécessaire pour que le Conseil Fédéral la soumette en votation populaire telle quelle si elle n’oppose pas un contre-projet qui pourrait la torpiller ou en minimiser ou dénaturer les objectifs de l’initiative. Donc, démonstration chiffrée et argumentation pertinente seront le défi pour gagner l’adhésion du peuple. Un campagne passionnante en perspective!

    Je remarque deux choses:
    > La Gauche réticente, a l’impression que son rôle de défenseur des petits serait tari. Elle en a fait sa longue carrière de justicier, un peu comme les syndicats de travailleurs qui n’ont d’autres tâches que de mener des revendications salariales – là je pense que les deux députés français de droite y voient une solution pour éradiquer cette profession de foi. Je ne pense pas qu’ils ont les mêmes raisons que nous de défendre un tel revenu. En effet, ils sont pragmatiques – on remarquera la copie conforme de la méritocratie reprise par la gauche bien qu’elle s’en défende.
    > Toute la scientificité de la Gauche avait été de contrer l’exercice du pouvoir des classes dominantes. Pour rendre cet exercice lisible, il fallait décrire ce qu’on appelle idéologie et doctrine. Pour ce faire, il fallait opérer par analogie ou en miroir et défendre une thèse de vraisemblance. Voilà pourquoi la bourgeoisie, les classes dominantes ne sont pas vus avec les mêmes yeux selon que l’on soit ouvrier ou universitaire.
    Mais les deux catégories ont des raisons de les combattre, Néanmoins, ils ne cherchent pas vraiment à les échouer.

    Cette initiative tombe à pic qui va remettre la gauche en question et, peut-être aussi en cause dans le recul social que nous vivons. Il faut aller questionner cette gauche qui se cache dans les finesses de la démagogie qu’on a pu prendre pour des traits de génie.
    On va ébranler les intellectuels de tous bords. S’il faut des chiffres, on les a. Les stats officiels sont là pour ça. Les budgets de soutiens de toutes natures votés chaque années donnent la réplique. On questionnera aussi le patronat pour le volume de richesses qui n’a jamais été comptabilisée avec transparence. Tous ces boucliers additionnés donneront une idée du volume soustrait à une vraie redistribution-répartition populaire.

    Une chose dont je suis convaincue, c’est que ce revenu, non seulement il va rendre la dignité à chacun, préempter d’une tranche sur l’énorme gâteau volé au peuple, il va libérer l’être humain, déverrouiller la société, réamorcer la créativité, l’ingéniosité et, comme le disent certains, changer de paradigme, changer de réalité. Notre économie et notre social ont besoin de trouver des réponses à la hauteur des progrès technologiques, scientifiques et philosophiques. Nous avions été capturés et emprisonnés trop longtemps dans le système entièrement basé sur des critères étrangers à nos besoins fondamentaux. Les débuts du questionnement seront un peu difficiles mais on y arrivera. La crise à venir va nous aider à provoquer ce changement de mentalité.

    A terme, avec la crise, ce REVENU INCONDITIONNEL sera LA solution. L’ inéluctable recours pour sauver l’espèce humaine et de trouver utilité à cette accumulation de richesses centenaires, pour éviter une guerre civile pour la survie.
    Ce n’est plus une augmentation de salaire qui va calmer les millions d’appauvris et de déculturés, Il est urgent que les citoyens retrouvent une certaine stabilité au travers de meilleures conditions de vie pour retrouver sens à leur existence et à leur participation dans la collectivité. L’activité rémunérée deviendra alors, par leurs passion et expérience, une expertise, une performance. Quel que soit le régime politique, on a tous à y gagner.

    • JeffRenault dit :

      @Beatrix >

      Merci pour tes commentaires et pour ton analyse (que je partage) sur la réticence de la gauche vis-à-vis du revenu de base inconditionnel. C’est ce que j’appelle le syndrome du dentiste : que devient le dentiste si la carie est éradiquée ?

      J’ai suivi l’initiative en Suisse, et c’est en effet une formidable opportunité d’un débat. Car quoi de pire que de ne pas débattre, d’ignorer…

      L’illustration des dogmes de la gauche qui l’empêchent de percevoir tous les apports du revenu de base a justement été donnée à l’occasion de cette initiative par un parlementaire du PS suisse, Jean-Christophe Schwaab, sur son blog dans un billet au titre révélateur : « Pourquoi les socialistes doivent s’opposer au revenu de base inconditionnel »

      J’ai commenté ce billet qui met en avant le « droit au travail » et qui voit dans le revenu de base inconditionnel une menace pour les salariés. CQFD.

      Merci pour ta contribution

  18. tikilgs dit :

    Étonnant que mon analyse [Gauche est contre les revenus qui découlent d’une propriété]
    ne vous paraisse pas suffisante ? Idem pour les entrepreneurs et les politiques : capter du capital sans le rémunérer est leur exercice génétiquement-favori.
    Après ya les gens qui ne voient pas que la productivité en europe et en france puisse provenir d’autre chose que de leur talent, énergie et capital perso.

    Au total, ça fait, à la louche, 2/3 de la population et des électeurs.

    Ce n’est pas en répétant la litanie des avantages pour les « oisifs&anars&intellos » que vous (nous ) les convaincrons.

    C’est en leur montrant qu’ils y gagneront et que ce changement de paradigme nous est tous nécessaire face à la mondialisation et contre la stagnation …. (c’est là , je vous attend).

    Par contre, le chiffre du Revenu de Base ne pourra pas sortir du chapeau, il devra tenir compte du capital commun, de sa bonne gestion, de son amortissement et de sa croissance … toute chose que la gauche et les politiques et une bonne partie de la droite corporatiste et clientèliste ne sait pas encore penser … impensable même !

    L’intuition et l’émotion ne suffisent pas, Obstinée Rigueur aussi, Patience et longueur de temps… etc.

  19. grockleclown dit :

    Reblogged this on leclown and commented:
    Un interrogation parfaitement légitime. Pour que la gauche intègre le revenu de vie inconditionnel il y va nécessairement d’une reconstruction idéologique. Je crois celle-ci possible. Je ne désespère pas de voir surgir la revendication d’un droit constitutionnel correspondant ^^

  20. Kordogan dit :

    Il est fort probable que le financement du revenu de base reposant uniquement sur l’augmentation de la TVA à hauteur de 50% soit inflationniste car il est clair que le secteur privé répercutera cette augmentation sur le client final (en oubliant de soustraire la disparition de prélèvements directs). Ces impôts directs sur le revenu et sur les bénéfices (ou la fortune) ayant disparus, c’est une aubaine pour l’entreprise privé qui pourra dégager des marges supplémentaires en dehors de tout cercle fiscal, car seul le consommateur final paie la TVA … Au final baisse du niveau de redistribution de l’impôt mangé par l’inflation et consolidation des bénéfices placés judicieusement pour éviter cette inflation*
    .
    On fait miroiter un vrai progrès social en le finançant de la pire des façons. C’est un piège grossier qui réjouit les apôtres de l’individualisme sauvage.

    *(sans parler des problèmes de balances qu’entraine en générale une relance par la consommation, ou alors nécessité de protectionnisme, de contrôle des prix, des changes, de fixer un salaire maximum et un bénéfice maximum … bref de réguler)

    • JeffRenault dit :

      Tu rejettes le principe à cause de sa modalité de financement dont tu pars du principe qu’elle est forcément la TVA (ce que l’article n’implique d’aucune façon).

      Or, d’une part il existe d’autres façons de financer (par la reventilation des allocations existantes, par création monétaire…) qui peuvent d’ailleurs se compléter, et, d’autre part, si le financement par la TVA peut paraître injuste (car non progressivité de la TVA) on peut tout de même noter que sa logique est différente dans notre système en vigueur ou dans un système avec le revenu de base inconditionnel.

      Il ne faut pas analyser l’instauration du revenu de base inconditionnel avec la façon de penser actuellement. Le changement de paradigme est tel qu’il induit des modifications profondes dans le « faire société », et notamment dans le rejet de l’exclusion.

      Pour ma part, je ne suis pas très déterminé sur le financement. Si c’est un point non négligeable, il me semble toutefois secondaire par rapport au principe lui-même. Soyons d’accord sur le principe de l’instauration du revenu de base inconditionnel, et alors débattons de ses modalités.

      Mais le rejeter d’emblée à cause de son financement, pourtant non encore connu, me semble être un mauvais débat.

      Je te remercie pour ta contribution, et t’invite à consulter le site http://revenudebase.info pour trouver des éléments précieux sur les critiques légitimes que tu peux opposer au revenu de base inconditionnel (notamment sur l’inflation qu’il génèrerait – je ne suis pas spécialiste).

      • kordogan dit :

        Bonjour Jeff

        L’idée mise en avant est excellente nous sommes d’accord : pouvoir disposer de sa vie et sortir de la valeur (morale) « travail ».

        Le financement envisagé est effectivement une augmentation de la TVA je pense que tu connais ce film et tu pourras trouver cet argument ailleurs (http://www.youtube.com/watch?v=-cwdVDcm-Z0).

        En ce qui concerne la réaffectation des allocations et des cotisations sociales (qui ne sont pas des charges) un flous artistiques est entretenus (chez Boutin ou Villepin par exemple), qu’est ce qui va disparaitre et être réaffecté? :
        – La CMU
        – Le RSA
        – La retraite par répartition
        – etc.

        Par ailleurs la création monétaire* sera également source d’inflation et transformera rapidement ce revenu de droit en revenu d’indigence. Ce revenu de base pourrait être indexé sur l’inflation mais il ne faut pas rêver…

        C’est aussi une relance par la consommation puis ce que la propension à consommé des petits revenus est en général de 100%, c’est pour cela que le RMI / RSA existe, ce n’est pas de la philanthropie. Donc augmentation des importations, tension sur les balances commerciales et des paiements, effets boule de neige inflationniste…

        L’utopie serait un revenu de base mondial homogène financé (par exemple) par un impôt élevé sur les transactions financières et les bénéfices, mais il y aura toujours certains paradis pour le refuser et entrainer la majorité dans l’enfer… (certains proposent déjà un système de ticket de consommation : habituel en économie de guerre et quid de la liberté et de la souveraineté de chacun…)

        L’intension de « certains » défenseurs du revenu de base est de circonscrire l’impôt au niveau du consommateur (par la TVA) et d’en dispenser les autres acteurs économiques et notamment le secteur privé. Ce piège sous couvert de changement de paradigme, aboutira à une paupérisation générale et contrôlée au profit de quelques uns : les gagnants du grand casino mondial…

        (*sous quelle forme et par qui, quand on sait que depuis 40 ans seules les banques privées sont à l’origine de cette création et non les états ou banque centrale…)

        J’ai aussi posté sur le site http://revenudebase.info

        Bien à toi
        Kordogan

      • JeffRenault dit :

        Kordogan,

        Une tendance inflationniste serait-elle si désastreuse que cela ? A voir la situation dans laquelle nous sommes, conséquence directe du dogme de la maîtrise de l’inflation (qui justifie pour certains d’avoir confier le pouvoir de la création monétaire aux banques), on est en droit de s’interroger…

        Le film suisse-allemand défend en effet un financement par la TVA. Cela dans un contexte fiscal qui est différent. On ne peut pas évaluer le financement par une taxe sans prendre en compte le contexte fiscal global. Si le financement du revenu de base inconditionnel par la TVA était retenu, il faudrait remettre en perspective l’intégralité du système fiscal. On pourrait au minimum imaginer un système de franchise permettant de protéger l’apport du revenu de base inconditionnel.

        Sur le financement par reventilation des allocations existantes, tu pourrais trouver de quoi dissiper le flou que tu perçois dans les travaux de MArc de Basquiat sur son site http://allocationuniverselle.com

        Concernant la création monétaire, je pensais davantage au dividende universel défendu par Stéphane Laborde dans sa Théorie Relative de la Monnaie (voir http://creationmonetaire.info)

        Dans tous les cas, j’insiste : je me moque un peu des modalités de financement du revenu de base inconditionnel, et ne veut surtout pas céder à la facilité du désaccord sur ce point pour empêcher de réfléchir au principe lui-même. Qu’on acte qu’il faut un revenu de base inconditionnel est pour moi infiniment plus essentiel que de savoir comment on le financera.

        Je sais bien qu’on est dans un monde où il faut paraître crédible économiquement et donc toujours proposé un financement cohérent. Mais je pense que l’esclavage était infiniment plus crédible pour les financiers de l’époque que son abolition. Pourtant, l’esclavage a été aboli.

      • tikilgs dit :

        L’esclavage a mis 400 ans à être effectivement dans certaines parties du monde et il perdure dans pas mal d’autres.

        Obtenir que l’on implémente avec succès pour la société et l’économie le revenu de base ne se traitera avec les beaux cris de La Cases ou des Jésuites des Réductions…

        Il faut de vrais arguments pour toutes les parties prenantes et que ces arguments soient à la fois moralement et intellectuellement solides et créateurs de valeur.

        En Espagne, où je viens de passer, on voit bien qu’un revenu de base est nécessaire pour protéger les travailleurs en place de la surenchère à la baisse des inemployés sans ressources. Le SMIC ne suffit pas pour éviter la spirale à la baisse! Les syndicats devraient pouvoir le comprendre ? 🙂

        Cordialement Laurent Guyot-Sionnest +336 7419 9133 +339 5253 8013

        2012/8/13 Mon pays c’est la Terre

        > ** > JeffRenault commented: « Kordogan, Une tendance inflationniste > serait-elle si désastreuse que cela ? A voir la situation dans laquelle > nous sommes, conséquence directe du dogme de la maîtrise de l’inflation > (qui justifie pour certains d’avoir confier le pouvoir de la créatio » >

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